Polémique du moment : faut-il fermer le lycée de Pulversheim ?
Par Jean-Philippe Atzenhoffer / Rédaction et illustration
L’annonce par la Région Grand Est de fermer ce lycée professionnel a suscité de très nombreuses réactions cette semaine, essentiellement d’hostilité. Ne connaissant pas assez bien ce dossier, je ne peux pas me prononcer en faveur du maintien ou non. Mais cette affaire suscite un certain nombre de questions :
1) La méthode : les acteurs concernés par la fermeture sont sidérés par une annonce qu’ils apprennent par voie de presse. Pourtant, avant de prendre une telle décision, ne serait-il pas nécessaire de les associer à la réflexion, où à tout le moins les consulter afin qu’ils puissent avancer leurs arguments contre la fermeture. La décision ne devrait elle pas être prise après avoir pris connaissance des différents arguments ? Car en imposant une décision sans concertation, la Région déclenche inévitablement une situation de crise.
2) Selon certaines analyses, la décision de fermer s’inscrirait dans une logique de fermer une dizaine d’établissements dans toute la grand région (soit un par département environ). Si cela s’avérait vrai, est-il vraiment logique d’appliquer une telle uniformisation alors que la dynamique démographique est si différente d’une région à l’autre ? La décision de fermer ou non doit se faire en fonction de la situation locale. Elle ne doit pas être biaisé pour des raisons politiques par rapport à ce qu’on fait ailleurs. Le fait d’intégrer des régions aussi différentes que l’Alsace, la Lorraine et la Champagne dans un ensemble unique génère des politiques inadaptés à la réalité de chacune d’entre elle (un problème rencontré dans de nombreux domaines).
Cette affaire semble donc être une illustration de plus de ce que j’appelle le « jacobinisme régional ». En éloignant la décision du terrain, l’élargissement des périmètres régionaux constitue une puissante force recentralisatrice. Un comble dans un pays qui souffrait déjà pourtant d’une centralisation excessive.
Dernière remarque, j’entends parfois – de moins en moins cependant – des gens dire que la fusion est une réforme administrative qui ne change rien à la vie quotidienne. Or, selon Bernard Stoessel qui a bien connu ce dossier du temps de la Région Alsace, cette dernière avait décidé de poursuivre le développement de ce lycée. Une telle fermeture aurait donc été inconcevable si l’Alsace était restée une région. Il s’agit donc bien d’une conséquence très concrète de la réforme de Hollande-Valls de 2015.
Si l’ancien président de la République a massacré la carte des régions de France avec son crayon et sa gomme, Yannick Lefrançois sait en rire avec merveille avec son coup de crayon autrement plus talentueux (dessin publié dans les DNA ce jour). C’est l’avantage des choses absurdes, elles donnent de la matière pour régaler les caricaturistes.