« Notre collectivité doit affirmer sa compétence »
TRIBUNE LIBRE – Au lendemain de la manifestation du 1er avril pour le droit au logement, Jean Tellechea, secrétaire d’EAJ-PNB pense que l’Agglo Pays Basque doit assumer sa compétence en matière de logement.
Pendant un an et demi, EAJ-PNB a réuni les acteurs du logement du Pays Basque car seules des rencontres élargies à tous les acteurs permettent de répondre au problème du logement pour tous en Iparralde.
Lors de sessions de travail collectif démarrées en novembre 2021, des élus en charge de l’urbanisme, du Scot, des représentants de l’Audap, du Col, de maisons de retraites, mais aussi des agents immobiliers, des architectes, des notaires, ou encore des membres d’associations comme Alda se sont rencontrés à notre invitation à Ustaritz dans le cadre de l’initiative “innover pour se loger”. Nous avons commencé par faire un état des lieux du logement sur notre territoire. Différents points ont alors été questionnés : le rôle et l’action des opérateurs et des institutions ; la fiscalité et les instruments juridiques ; la mixité sociale, générationnelle et fonctionnelle ; la ville de demain entre développement durable, nouvelles technologies, nouvelles mobilités… À EAJ-PNB, nous ne croyons pas à des solutions sur étagère. Nous croyons à l’importance des discussions, des échanges entre tous. C’est une philosophie de travail : donner la parole et s’écouter. Comment permettre à la population qui habite et souhaite habiter à l’année au Pays Basque d’accéder à des logements dignes ? C’est la question centrale de notre réflexion. Et elle en entraîne bien d’autres :
Comment satisfaire le droit au logement de la population locale ? Comment répondre aux besoins de l’économie locale qui a besoin d’attirer des com-pétences extérieures ? Et com-ment répondre à l’impératif d’un territoire durable ? À la gestion des ressources, à la préservation de la biodiversité, aux enjeux de la mobilité… Seize propositions structurées autour de trois axes stratégiques (dossier à lire sur Eaj-pnb.eus)
Face à l’éclatement entre des acteurs du logement, certes importants, mais isolés (collectivités, bailleurs sociaux ou associations…), le Pays Basque a besoin d’une gouvernance qui permette de réunir régulièrement les acteurs du secteur. Ensuite, il faut cesser de dénaturer et artificialiser ce qui rend notre territoire si beau et si attachant ; la priorité doit porter sur la densification et l’optimisation du parc de logements existants. Enfin, nous avons besoin d’un engagement politique clair : les institutions doivent contrôler le marché pour permettre à celles et ceux qui veulent vivre et travailler en Pays Basque de le faire. Le marché ne peut pas réagir à la simple loi de l’offre et de la demande.
Un marché sous maîtrise publique
À l’issue des débats, nous défendons l’idée qu’aujourd’hui, les deux tiers des nouveaux logements collectifs doivent être réalisés sous maîtrise d’ouvrage publique. Mais gardons-nous de vouloir construire toujours davantage. Pour faire vivre un territoire, il faut l’habiter. Nous devons contrôler le phénomène des résidences secondaires. Le règlement de compensation est une bonne chose mais il ne répond pas encore à l’inquiétude de certains propriétaires face aux impayés de loyers. Un système de caution universelle des loyers, garanti par les pouvoirs publics locaux, peut encourager les propriétaires à louer à l’année.
L’idée d’une taxe antispéculative dissuaderait des investisseurs attirés par l’appât d’une spéculation honteuse et débridée y compris à l’intérieur du Pays Basque.
Il faut changer cette fiscalité qui favorise les locations de meublés saisonniers aux dépens de locations à l’année. Quel désastre sur notre territoire !
De nombreux logements restent vacants au Pays Basque (jusqu’à 60% dans certaines communes). En Soule ou dans la vallée des Aldudes, des maires travaillent à convaincre les propriétaires de maisons inhabitées à en faire quelque chose. Seul un travail de proximité, auprès des propriétaires, par les maires et les pouvoirs publics les plus proches peut faire avancer ces questions : pour proposer ces logements à l’achat mais aussi pour explorer des solutions alternatives, comme le partage de logements collectifs. Il manque surtout un observatoire qui permette d’aider les maires, en mesurant l’impact de ces logements absents des radars. C’est de cette mesure que naitront les actions ciblées.
Les solutions pour améliorer l’accès au logement au Pays Basque ne manquent pas. Certaines demandent d’être votées à l’Assemblée nationale. Mais beaucoup ont d’abord besoin d’être coordonnées, mesurables et contrôlables par une collectivité qui s’affirme dans ce rôle.
La Communauté Pays Basque a la légitimité pour porter une telle ambition. Mais n’oublions jamais que cette ambition doit être défendue avant tout par chacun de nous. EAJ-PNB croit à la capacité des Basques à faire le Pays Basque. C’est encore le moment d’agir.
Honi buruzko guztia: Tribune Libre