Catégorie : Actualités

Le virage vers l’agroforesterie du château Massamier La Mignarde en Minervois

Soucieux de laisser un terroir fécond et de maintenir la viticulture languedocienne face aux aléas du changement climatique, le Château Massamier La Mignarde , dirigé par Emmanuelle et Frantz Vènes , réinvente depuis des années sa manière de produire avec la mise en place de couverts végétaux permanents et la pratique de l’agroforesterie c’est-à-dire l’implantation ou le maintien d’arbres au sein des parcelles.

L’arbre est avant tout un lieu et un support de vie pour de multiples espèces animales : oiseaux, chauve-souris et insectes. Maintenir les bordures boisées autour des vignes, c’est entretenir un écosystème riche et autorégulé qui limite les parasites et ravageurs par la prédation naturelle.

Les avantages de la vitiforesterie

L’arbre est aussi un organisme vivant qui interagit avec son environnement dont les ceps de vigne qui sont des lianes. Par nos pratiques nous recréons ainsi l’environnement naturel de la vigne avec une diversité d’espèces d’arbres, chacune ayant ses particularités : un enracinement profond favorisant le captage de l’eau, stockage de carbone et donc entretien du cycle de l’azote, une sensibilité accrue à un pathogène et concentration des maladies, une répulsion de pathogène(s) spécifique(s), etc. Ainsi avec près d’une cinquantaine essences d’arbres différentes, le recours à l’agroforesterie dans nos vignes limite les attaques de ver de la grappe, d’oïdium ou du mildiou et nous permet de réduire à 2 applications cuivre-soufre maximum à l’année contre 10 à 15 en Agriculture Biologique traditionnelle.

Ensuite arbres et couverts végétaux nourrissent la fertilité du sol par leurs productions de matière organique (fruits, graines, tiges, etc.), contribuent à sa bonne aération via leurs systèmes racinaires, limitent les effets du gel et des coups de chaud par le maintien d’une humidité au niveau des bourgeons et l’effet paravent des haies arborées.

Enfin la structuration des parcelles contribue à la création et l’entretien de paysages riches, variés et originaux que vous pourrez découvrir en vous promenant le long de nos vignes.

Aller encore plus loin…

Convaincus de l’intérêt d’utiliser tous les aspects du terroir : savoir-faire humain hérité, sol et végétation, Frantz et Emmanuelle Vènes ont engagé depuis des années un virage dans leur exploitation qui ne concerne pas que les végétaux.

« Le sol est le support de la culture, il faut donc le préserver. » Mais comment ? En réduisant au maximum le passage d’outils et de tracteur afin de limiter le tassement. Ainsi les couverts sont simplement roulés en paillis et non pas retournés, tandis que la majorité des travaux viticoles et les vendanges sont réalisés manuellement du fait de la présence d’arbres. C’est la combinaison arbre-couvert végétal-sols non tassés qui nous permet de conserver des sols vivants.

Enfin la vigne n’est pas laissée pour compte, sa diversité est valorisée par la mise en avant de cépages oubliés tels que l’Aubun, le Trépat noir, l’Alicante, le Riveyrenc ou encore le Picpoul noir.

Une ligne directrice pour les années à venir

Afin d’entretenir les parcelles en agroforesterie, les arbres sont taillés en trogne c’est-à-dire étêtés. Cette technique a 2 avantages : la limitation de l’étalement du branchage aux dépens de la vigne, la stimulation du développement d’un nouveau système racinaire qui décompacte les sols.

Réimplanter des haies, entretenir celles qui existent déjà, tailler les arbres et maintenir l’habitat des espèces animales dans les troncs creux : c’est là le défi que se lance le domaine pour produire des vins qualitatifs et respectueux de l’environnement.

L’objectif est fixé : d’ici à 10 ans il y aura autant d’arbres que de pieds de vigne et plus aucun traitement dans le vignoble de Massamier La Mignarde.

Info d’OC / L’IRQUALIM – QUALIVORES D’OCCITANIE AU SALON DE L’AGRICULTURE DU 26 FEVRIER AU 6 MARS

L’édition 2022 du Salon de l’Agriculture marque des retrouvailles attendues par tous !

Du 26 février au 6 mars, ses 8 Pavillons invitent les visiteurs à (re)découvrir toutes les facettes de l’agriculture ainsi que les terroirs et produits de France métropolitaine, d’Outre-Mer et du monde.

Toujours mobilisé pour promouvoir l’Occitanie comme terre d’élevage, l’IRQUALIM sera présent dans le mythique hall 1 : stand 1C/50. Un stand de 90 m² dédié aux produits issus de l’élevage qui fera la part belle aux viandes et fromages d’Occitanie.

Spécificité Occitane, ce sont les élèves et les professeurs de la section hôtelière du Lycée Jean de Prades (Tarn-et-Garonne) qui auront la gestion de notre restaurant privatif. Une expérience grandeur nature pour cette aventure tout aussi humaine que pédagogique.

Vous êtes Qualivore d’Occitanie et vous souhaitez vous rendre au salon ? Contactez-nous !

qualivores@irqualim.fr

                                                                           Info d’OC / Joan-Pèire Laval

140.000 votants à la participation citoyenne pour l’Alsace

Ce mercredi 16 février marque le début du dépouillement de la consultation citoyenne sur la sortie de la Collectivité européenne d’Alsace du Grand Est. La barre des 140.000 participants a été franchie. Résultats définitifs lundi prochain.

Le dépouillement sur la consultation citoyenne pour la sortie de la Collectivité européenne d’Alsace du Grand Est a débuté ce mercredi 16 février 2022 à Strasbourg et à Colmar. 99 urnes étaient installées aux quatre coins de l’Alsace depuis le 20 décembre 2021.

Les organisateurs annoncent, dès ce premier jour de dépouillement, au moins 140.000 participations.

Chaque bulletin est contrôlé, puis enregistré par une huissière, chargée d’éliminer les doublons car les citoyens pouvaient voter sur papier et en ligne.

Pas de valeur juridique, mais politique

Frédéric Bierry, président de la Collectivité européenne d’Alsace se réjouit de l’écho de cette consultation populaire. Il sait que le résultat ne changera rien pour l’Alsace, sur le plan juridique. (Même si les deux millions d’Alsaciens avaient voté pour la sortie de l’Alsace du Grand Est, cela ne changerait rien.)

Ce qui compte pour lui c’est « la valeur politique très forte de cette mobilisation. Je pense qu’il faut que ce type de consultation se développe, pour que nos concitoyens retrouvent leur capacité d’influence sur l’action publique, pour retisser le lien démocratique et réoxygéner notre démocratie. » ( Info / France 3 Alsace)

Les Pyrénées – Orientales … bientôt Pays Catalan ?

« Nous organiserons une votation populaire pour associer les citoyens à ce choix », a déclaré Hermeline Malherbe (PS) lors de ses vœux à la presse le vendredi 28 janvier. La présidente du Conseil Départemental des Pyrénées-Orientales a remis au goût du jour un débat qui revient à intervalles réguliers dans ce département. Le choix des habitants de cette région pourrait avoir lieu en fin d’année 2022. Lundi 31 janvier au micro de France Bleu Roussillon, Hermeline Malherbe a précisé que le vote se ferait sur le même principe qu’un référendum.

L’élue, qui avait repris cette idée dans sa campagne électorale a toutefois prévenu : ce ne sera pas un vote de liste, mais un vote à choix simple : pour ou contre. Toujours à la radio, elle a précisé que le nom soumis au vote sera proposé en amont par « un certain nombre d’associations et de structures à consulter », associé à un cabinet spécialisé. Ce n’est pas la première fois que ce changement de nom est évoqué. En 2017, le collectif « Oui au Pays Catalan » avait lancé une pétition en ce sens. En 2019, le député LREM Romain Grau signait une pétition qui proposait « Pays Catalan » comme nouvelle appellation. « L’objectif est d’accroître la puissance d’attractivité du Pays Catalan” », expliquait le député pour justifier son appui à cette démarche. ( Info lue sur le site de la publication » Front Populaire . )

Un chèque-livre de 15€ pour les collégiens et lycées de Nouvelle-Aquitaine et d’Occitanie

En partenariat avec le Ministère de l’Education nationale, les Régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie lancent un chèque cadeau de 15€ à tous les élèves de la 3e à la Terminale qui suivent un apprentissage en occitan
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­Libe-Libre! édition 2022, qu’es aquò ? 
 Une opération pour tou.tes les lycéen.nes et les élèves de 3e occitanistes de la Région Nouvelle-Aquitaine et de la Région Occitanie ;Un chèque cadeau de 15€ pour acheter un livre en occitan ;28 librairies partenaires (19 en Occitanie, 9 en Nouvelle-Aquitaine) ;76 lycées et 230 collèges sur les deux régions ;3200 élèves concernés ;Une opération coordonnée directement par les professeur.es dans chaque lycée et collège.
Une action du “Plan d’action lycée pour la langue occitane”
 Après le succès de l’édition de l’an dernier qui s’adressait exclusivement aux écoles primaires de Nouvelle-Aquitaine, l’édition 2022 a été recalibrée pour un public d’adolescent.es.Elle est également étendue à l’ensemble du territoire interrégional, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine.Cette opération s’inscrit dans le Plan d’Action Lycée pour la langue occitane voté l’an dernier par les Régions et qui consiste à déployer plusieurs actions tout au long de l’année pour encourager l’apprentissage de la langue occitane au lycée et sa continuité depuis la 3e. Faire sortir l’occitan de la classe et soutenir la filière du livrePour beaucoup de collégiens et de lycéens occitanistes, l’occitan reste avant tout une matière scolaire ;Ce type d’opération a pour objectif de les ouvrir au monde culturel occitan qui existe en dehors de l’école ;Plus largement, l’enjeu est aussi de soutenir l’ensemble des acteurs de la filière du livre en occitan

PROVENCE / LE FORUM D’OC SE RENFORCE ET PENSE EN TERME DE STRATEGIE

TOULON. En plein développement le regroupement associatif régionaliste provençal gagne des adhérents, se structure et imagine clairement organiser la pression pour l’enseignement de la langue d’oc à l’occasion des échéances électorales.

                               Lire la suite de l’article sur la Letra setmanièra du journal AQUO D’AQUI ( 10 février )

Le feu dans le cœur Occitan

Un projet pour l’Occitanie aux législatives
A l’Isle-Jourdain le 18 Décembre 2021, s’est tenue une réunion à laquelle ont participé les représentants de divers groupes et organisations de sensibilité occitaniste, régionaliste et écologiste intéressés pour se lancer dans la bataille des législatives de 2022.
Cette rencontre avait été proposée lors de la Dintrada (Parti Occitan) du 13 Novembre à Narbonne et lors de l’Assemblée Générale d’Occitanie Pais Nostre le 5 décembre à Avignonet-Lauragais.
Une vingtaine de personnes représentaient les groupes : Bastir Occitanie, Écologie Autrement ! M.G.O, Occitanie País Nòstre, P.N.O, P.O.C, Résistons ! País Nòstre s’était excusé.
    L’objet principal de la réunion était la mise en place de candidatures pour l’ouest occitan.
Le centralisme nous paralyse .                         
Ce seront des candidatures d’ordre occitaniste, régionaliste, écologiste qui correspondent à la diversité des personnes présentes. Cette diversité est à noter. Elle doit être vue comme une chance et surtout une prise de conscience.                                   
En effet la situation politique actuelle fait clairement comprendre que personne d’autre, hormis des gens clairement conduits par l’idée que le centralisme nous paralyse, ne peut porter les idées qui sont les nôtres. Dans cette campagne de 2022 nous serons : défenseurs d’une politique décentralisée, régionalistes, autonomistes, défenseurs de la langue et de la culture occitane. Défenseurs de nos territoires, de la lutte contre le changement climatique, mais aussi promoteurs d’un aménagement de nos territoires qui prendra en compte les transports, l’énergie, le vivre-et-travailler au pays, le vivre-ensemble et surtout une rénovation de la démocratie. Un axe de la campagne que nous voulons mener sera la participation des habitants de nos régions aux décisions qui les concernent.
Une cinquantaine de candidats    
 Sur toute l’Occitanie, voire plus, c’est possible.      
Personne ne fera le travail à notre place !  La situation politique est telle que beaucoup de gens attendent un discours qui tranche avec ce que l’on entend à longueur de journée dans les médias parisiens, bien loin des réalités.  Il est acté que les candidats devront se présenter sous une même et seule bannière, avec un fond programmatique largement commun.  Une partie locale incombera à chacun des candidats.   
Ce sera pour la première fois…

Depuis de longues années la possibilité pour les Occitanistes, les régionalistes et des écologistes qui font le lien entre leurs convictions et la question occitane, de faire entendre leur voix et de dire qu’il y a un salut hors de ce qui nous est proposé dans une bataille présidentielle qui devient chaque jour plus confuse et inquiétante.

ENCARA CIUTADANS ? LA CRONICA OCCITANA DE J.Louis Blenet (Midi-Libre)

ENCARA CIUTADANS  Occitania en Scèna, organisme culturau de la nòstra Region, publiquèt aqueste genièr una crida a candidatura pel projècte “Aver una votz” dins l’encastre d’una Southern Coalicion de 10 païses d’Euròpa de sud. L’objectiu es de fargar de « creacions artisticas participativas e d’estrategias inclusivas de mediacion culturala“ per ”lo dialòg amb las communautats d’acuèlh daus grops d’estajans locaus ». De segur aquelas indicas claras dins un estile leugièr devon levar sulpic un vam d’imaginacion creatriça. Per completar lo tablèu lo dorsièr emai sos complements (istoric dels candidats, plancardas, autras creacions…) devon èsser sonque en anglés. Tot aquò fa perpensar fòrt. Primièr : remarcar la pertinéncia bèla que la primièra qualitat per “Aver una votz” amb las populacions d’Euròpa de sud siá de mestrejar d’a fons l’anglés. Puèi ven una question : cossí se fa qu’aquestes organismes ajan pas de reviradoiras, que n’i a de plan bonas ? Aprèp ne mesuram la clara leiçon : tu Sothern d’Euròpa, sens un excellent anglés siás pas un ciutadan europenc e ta Region te va confirma. Ne seguís la tristesa : es per n’arribar aquí que nos an ruinada la nòstra lenga d’òc ! Enfin ven la confirmacion : las institucions culturalas d’aicí son sempre en dabans per liquidar la diversitat bio-lingüistica.

                                              Cronica de J.L Blénet ( Midi Libre del 5 de fébrièr )

Cridas a projèctes per la creacion audiovisuala en occitana:

Òc Tèle e la Region Nòva Aquitània an aviadas quatre cridas per projèctes a l’entorn de la creacion audiovisuala en lenga occitana:

— una crida pels documentaris,
— una crida pels cortmetratges de ficcion,
— una autra per una creacion corta de tipe sitcom
— E una per l’ajuda al desvolopament de projèctes audiovisuals.

Los qu’aurián de projèctes de qualqu’una d’aquelas sòrtas pòdon presentar de dorsièrs fins al 30 d’abril.

Totas las informacions son sul sit d’Òc Tèle: https://www.octele.com/Actualitats_314.html

« Pour une France décentralisée dans une Europe plus fédérale » par le professeur Maxime Maury

« Il y a eu pendant quinze ans chez les responsables politiques français une absence complète de compréhension des mécanismes économiques d’ajustement qui prévalent dans une Union monétaire. »

( Bruno Grandjean)

2022 sera l’année du redressement ou de la confirmation du déclin de la France. Il en sera de même pour le projet européen que le nouveau chancelier allemand veut relancer sous présidence française.

Ainsi celui-ci appelle-t-il de ses vœux :

« Une Convention constituante conduisant à un État fédéral européen à partir d’une démarche décentralisée fondée sur le principe de subsidiarité ».

Cette citation étonnante est extraite du projet de gouvernement de coalition SPD-libéraux-Verts qui a pris les commandes de l’Allemagne.

Ainsi l’année 2022 pourrait être une année triplement exceptionnelle dans l’histoire européenne :

  • Elle devrait voir l’arrêt progressif de la création monétaire débridée par la BCE qui se propose de diviser par plus de deux ses rachats de dettes publiques ( de 80 milliards par mois actuellement à 35 milliards par mois d’ici à la fin de l’année) ;
  • la refondation du Pacte de Stabilité qui en est la nécessaire contrepartie ; les déficits devront donc être réduits par deux parallèlement au repli des interventions de la BCE ;
  • l’émergence d’une Fédération européenne qui viendrait enfin compléter l’euro vingt ans après sa création.

Mais 2022 pourrait tout aussi bien devenir l’année de l’échec :

  • L’échec de la refondation du Pacte de stabilité européen et la poursuite d’une création monétaire inflationniste dilatant la bulle financière et immobilière ;
  • le refus du projet fédéral proposé par l’Allemagne et l’isolement irréversible de la France minée par la désindustrialisation, les déficits et le désordre ;
  • une nouvelle crise de l’euro en raison de la fragmentation entre le nord et le sud de la zone monétaire.

A mille lieux du débat électoral français, cette question essentielle surgira en mars avec la convocation par le président de la République des chefs d’État européens autour du dossier hypersensible de la refondation du Pacte de stabilité. Ses effets politiques sont imprévisibles et seront probablement tus dans le débat électoral car la question est trop « technique » et dérangeante pour une France addicte à la dépense publique.

Et puis parce que nous aspirons tous inconsciemment -droite-gauche, extrême droite-extrême gauche- à continuer à vivre à crédit ! Ce qui ne peut malheureusement que mal se terminer….

Cette chronique précise les enjeux fondamentaux de cette négociation européenne.

Pour la seconde fois depuis la fondation de l’euro, l’Allemagne propose à la France la création d’un État fédéral européen. La première proposition remonte au temps du président Mitterrand.

Il ne s’agirait en rien d’un « super-État » à la française, mais de la simple suppression de la règle de l’unanimité pour les sujets fondamentaux dont l’Union doit traiter. L’Allemagne conçoit le fédéralisme selon le principe de subsidiarité : ne confier à l’échelon supérieur que ce que l’échelon inférieur ne peut mieux faire.

D’où une profonde incompréhension avec la France, pays le plus centralisé du monde, sur le sens même du mot « fédéralisme ». Pour nous Français l’État vient d’en-haut, pour les Allemands il vient d’en-bas.

Cette proposition allemande rejoint celle présentée naguère par le président Giscard d’Estaing qui dans son petit livre « Europa » ( 2014) suggérait la création d’un directoire fédéral des Chefs d’État de la zone euro se fixant des objectifs de long terme pour harmoniser la fiscalité, les conditions d’établissement des entreprises, les règles sociales, et faire progresser collectivement une défense commune ainsi que les intérêts stratégiques continentaux.

Or en 1999, année de la création de l’euro, le prix Nobel d’économie a été attribué à Robert MUNDELL pour ses travaux sur les « zones monétaires optimales » datant de 1961. Ce n’est pas par hasard !

« Monnaie sans gouvernement », l’euro ne constitue toujours pas, 20 ans après sa création, une « zone monétaire optimale ».

Les divergences de niveaux de vie et d’endettement entre le nord et le sud de la zone euro se sont creusées dangereusement. L’Union bancaire n’est toujours pas achevée sur l’assurance commune des dépôts. Il n’y a pas de titres de dette ni d’épargne communs qui permettraient de drainer l’épargne du nord vers le sud pour compenser les écarts de développement.

Ni le début d’une véritable mutualisation des dettes souveraines. Le plan de 750 milliards, décidé en 2020, constitue le simple embryon d’une Union de transferts pourtant indispensable à la stabilité d’une zone de monnaie unique dans laquelle des compensations en capital doivent s’opérer régulièrement entre les différents pays.

Pour le dire autrement, la zone euro ne possède toujours pas le niveau d’intégration financière, la profondeur et la liquidité, ni la solidarité intergouvernementale pérenne correspondant aux nécessités de la monnaie unique. Elle en reste d’autant plus fragile.

Tout cela est parfaitement documenté par la théorie économique et par les faits, mais entrait jusqu’à présent en contradiction avec l’égoïsme allemand d’une part et avec la mauvaise gestion et l’inconscience française d’autre part.

D’une manière générale, les dirigeants européens sont restés longtemps aveugles sur les implications de la monnaie unique, préférant l’approche boutiquière à la vision de l’intérêt commun qui passe par la poursuite raisonnée de l’intégration européenne.

Avec un dialogue par nature difficile entre une « monarchie républicaine » hyper-centralisée et arrogante autant que déclassée et un grand pays fédéral décentralisé, prospère et d’éthique protestante fondée sur la responsabilité.

Voici qu’en 2022 l’heure de l’explication approche sur le projet européen !

Le Pacte de stabilité que la France n’a jamais respecté a éclaté avec la pandémie et la politique du « quoi qu’il en coûte ». On l’a remplacé provisoirement par la « planche à billets » mais l’inflation menace désormais. La BCE s’est engagée à diminuer son intervention à partir de mars et les pays du nord n’accepteront plus la fuite en avant monétaire qui ruine épargnants et retraités. Et repousse indéfiniment les échéances budgétaires.

Pour schématiser, si la BCE réduit, comme annoncé, son intervention par un facteur 2, serons-nous capables de réduire nos déficits par deux ? Les projections présentés par le gouvernement français repoussent cette échéance à ……. 2027 en termes de déficit /PIB !

Un gros effort d’innovation politique et macro-financière doit donc être entrepris à partir du mois prochain.

Il s’agira pour chaque pays de construire une trajectoire de dépense publique soutenable sous le contrôle mutuel de ses partenaires. De revenir progressivement à l’équilibre des finances publiques tout en sanctuarisant certaines dépenses d’investissement : transition énergétique, éducation, santé, défense.

C’est ce que proposent conjointement le président français et le chef du gouvernement italien dans une tribune commune publiée par le Financial Time. Ils proposent également de cantonner la dette covid, actuellement au bilan de la BCE, dans les comptes du Mécanisme Européen de Stabilité ( M.E.S). Peut-être pour l’annuler un jour …… L’Allemagne répondra favorablement si nous acceptons sa main tendue vers un minimum de fédéralisme européen. Pas de monnaie sans gouvernement !

Y sommes-nous prêts ? Le sujet sera-t-il débattu dans une campagne présidentielle d’une rare nullité ?

Pour la France, la contrepartie de cette entreprise salutaire passe par la réduction de ses dépenses courantes. Cela exige plus de décentralisation, une réorganisation complète et la débureaucratisation de notre État.

Ainsi les grandes régions formées en 2016 devraient se voir confier de nouvelles délégations : l’emploi, la formation, l’apprentissage, la gestion hospitalière pour coller davantage aux besoins du terrain et à l’efficience. Et un partage de la fiscalité avec l’État. Les études de l’OCDE montrent que nous souffrons d’un déficit d’efficacité de nos services publics de 15 % environ par rapport aux autres pays.

Nous aurons surtout besoin de relancer le travail, la réforme du chômage et des retraites (tout en indexant celles-ci). D’organiser à grande échelle l’intéressement et la participation des salariés. Comme la participation des collectivités territoriales à la gestion collective. Et de limiter les pouvoirs de la finance, ainsi que de réduire les inégalités de patrimoines revenues au niveau de 1910 selon le Conseil d’Analyse économique auprès du Premier ministre.

Transition énergétique, réduction de la dettes et des inégalités forment un triangle indissociable.

L’alternative sera entre réforme ou inflation. Entre justice sociale, réduction des inégalités, ou fuite en avant climatique. Les enjeux sont là mais largement déniés dans un débat public d’une grande indigence intellectuelle.

Entre une France plus décentralisée dans une Europe plus fédérale, ou l’éclatement de l’euro dont la contrepartie serait l’appauvrissement dramatique des pays du sud. Tout va se jouer en 2022-2023.

Aller de l’avant passe par cette rénovation du projet européen et par la réforme en France.

Qui osera le proclamer dans une campagne présidentielle qui s’annonce violente, populiste et très éloignée des vrais sujets ?

Professeur Maxime Maury , ancien directeur régional ( Occitanie ) de la Banque de France .