Par Eric Daoudal
Plusieurs commentaires dans les publications récentes m’ont donné envie de mettre en avant le phénomène de l’insécurité linguistique : la peur de mal parler une de ses langues.
C’est un facteur de disparition de nos langues minoritaires. Les personnes qui ont peur de faire des fautes cessent d’utiliser une langue pour éviter les critiques et les jugements de valeurs d’autres locuteurs plus capables ou qui se jugent plus capables pour diverses raisons (standard/dialecte, accent, vocabulaire, jugement de valeurs, etc…). D’autant plus qu’il ont une autre langue commune à disposition. Beaucoup de personnes ne maitrisent pas parfaitement la langue minoritaire qu’ils connaissent parce qu’ils sont nés dans un environnement disglossique où la langue minoritaire n’est pas employée dans tous les registres ou parce qu’ils n’ont reçu aucune éducation dans cette langue, parfois ils ont seulement une connaissance passive de la langue et ils peuvent hésiter à l’utiliser pour ces raisons. Ils peuvent aussi simplement parler différemment.
Lutter contre l’insécurité » linguistique semble important pour faciliter l’usage des langues minoritaires. C’est une problématique qu’on retrouve par exemple au Canada avec le français et ses variantes locales et qu’on devrait tous avoir à l’esprit, je pense, en restant bienveillant envers des variantes différentes des nôtres et les « fautes de langue » éventuelles. Il faudrait aussi déconstruire l’idée qu’il existe une seule « bonne façon de parler » et plutôt aborder l’idée que l’idéologie de standard est un mythe et que toutes les langues et variétés sont complexes et valides