Alors que la rentrée politique s’annonce houleuse, des voix dissonantes se font entendre au sein du Parti Socialiste. Malgré le refus catégorique du premier secrétaire Olivier Faure de toute négociation avec Emmanuel Macron en vue de former un gouvernement, plusieurs figures influentes du parti plaident pour une reprise des discussions. Une position minoritaire, certes, mais qui témoigne d’une fracture grandissante au sein du PS, tiraillé entre la fidélité à la NUPES et l’ambition de retrouver les leviers du pouvoir. Et plus encore, cette dissidence semble marquer une prise de conscience : la fin de la tutelle de La France Insoumise et la nécessité, pour les sociaux-démocrates, de prendre leurs responsabilités et de gouverner.
Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin, est l’une des plus ferventes défenseures de cette ligne. « Il sera reproché au PS de ne pas avoir essayé jusqu’au bout », affirme-t-elle, assumant pleinement sa volonté de renouer le dialogue avec le président. Pour elle, le PS « veut et doit gouverner », et refuse de recevoir « des leçons de gauche de LFI ». Un argument qui résonne avec l’appel au rassemblement lancé par Emmanuel Macron la semaine dernière. La maire de Vaulx-en-Velin se démarque également de la NUPES en refusant d’appeler à manifester le 7 septembre aux côtés de LFI, une décision motivée, selon elle, par les coûts engendrés pour les municipalités.
Philippe Brun, député PS, s’inscrit dans la même logique. Avant le refus d’Emmanuel Macron de nommer Lucie Castets, il avait plaidé pour un accord de non-censure, rassemblant suffisamment de groupes parlementaires pour atteindre la majorité à l’Assemblée Nationale. Une prise de position saluée par d’autres élus PS, notamment Carole Delga, présidente de la région Occitanie, qui milite depuis plusieurs mois pour une prise de distance avec LFI. Elle a d’ailleurs salué la tribune de Philippe Brun, voyant dans cette proposition une opportunité pour le PS de peser sur les décisions politiques.
Pour ces dissidents socialistes, l’enjeu est clair : gouverner et éviter d’être taxés d’irresponsabilité par les électeurs. Ils estiment que la participation à un gouvernement, même minoritaire, permettrait au PS de défendre ses valeurs et d’influencer la politique menée par Emmanuel Macron.
Plus fondamentalement, ils semblent avoir pris conscience que l’alliance avec LFI, et les « leçons de gauche » qui l’accompagnaient, ont éloigné le PS de son ADN social-démocrate et de sa vocation à gouverner.
La rentrée politique s’annonce donc tendue pour le Parti Socialiste, tiraillé entre la fidélité à ses alliés de la NUPES et la tentation d’un retour au pouvoir, mais aussi entre la soumission aux injonctions de LFI et la volonté de réaffirmer son identité social-démocrate et sa responsabilité de gouverner.
L’avenir du PS pourrait se jouer dans les prochains mois, entre la voie de l’opposition et celle de la participation gouvernementale, entre l’influence de la gauche radicale et la reconquête de son autonomie.
Kamel BELKACEMI