dans sa lettre, Michel Feltin-Palas rappelle cette semaine que le plus vieux concours de poésie d’Europe est français… mais pas en français
En 1324 était remise à Toulouse la première « violette d’or » au troubadour Arnaud Vidal, qui écrivait en langue d’oc. Sept cents ans plus tard, l’épreuve existe toujours !
C’est un anniversaire exceptionnel passé quasiment sous silence par la presse nationale. Et pourtant… Voilà sept cents ans était créé à Toulouse le plus ancien concours de littérature d’Occident. Aux manettes, sept bourgeois regroupés au sein du Consistòri del Gai saber, autrement dit le « Consistoire du gai savoir » (cette dernière expression étant synonyme de poésie). Leur objectif affiché : redonner son lustre à la langue d’oc, qui connaît en ce début de XIVe siècle un réel déclin.
Il faudra attendre la fin du XIXe pour que l’occitan y retrouve une place – au côté du français. Un retour que l’on doit en particulier à l’influence du Provençal Frédéric Mistral – futur Prix Nobel de littérature – mais aussi à Jean Jaurès, élu de Toulouse et occitanophone lui-même. Ce qui permettra au jury d’honorer de grands poètes en oc dont Mistral lui-même ou encore Bernard Manciet.
Et aujourd’hui ? Non seulement l’Académie a le mérite de toujours exister, mais elle se renouvelle. « Nous encourageons la jeunesse à se tourner vers la poésie, notamment en intervenant dans les écoles, indique Philippe Dazet-Brun. Nous ouvrons aussi l’Académie vers la francophonie. Et bien sûr, nous restons fidèles à notre histoire en mettant en avant non seulement le français, mais aussi l’occitan. » Car cette langue compte toujours en 2024 de nombreux poètes et poétesses, dont Franc Bardou, Éric FrajPaulina Kamakine, Aurélia Lassaque, Marilis OrionaaSachez enfin que figure aussi au palmarès de la vénérable institution un certain François Fabre de Carcassonne. Ce nom ne vous dit rien ? C’est normal. En revanche, si je vous précise que l’intéressé a reçu pour récompense non une violette, mais une églantine, vous devinerez sans doute de qui il s’agit. C’est en effet avec le surnom de Fabre d’Eglantine que l’auteur de la chanson « Il pleut, il pleut, bergère » et du calendrier républicain (nivôse, ventôse, pluviôse…) accéda à la notoriété. Une gloire qui n’empêcha pas le poète, engagé en politique au côté de Danton, de mourir guillotiné le 5 avril 1794. Preuve qu’à Toulouse comme à Rome, la roche tarpéienne peut être proche du Capitole…
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(1) Le choix d’une fleur fait référence aux Jeux floraux, les fêtes célébrées à Rome en l’honneur de la déesse Flore.
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