« La réponse collective du monde face au réchauffement climatique est pitoyable »

Dr Maxime MAURY, Officier des Palmes académiques, Professeur affilié à Toulouse Business School, Ancien directeur régional de la Banque de France. 

« La réponse collective du monde face au réchauffement climatique est pitoyable » 

(Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, 15-06-2023)

I) Il convient de se remettre quelques chiffres en tête pour comprendre les enjeux du climat : Les États-Unis, l’Inde et la Chine détiennent désormais la clé du problème climatique.

  • Les États-Unis émettent deux fois plus de gaz à effet de serre que l’Union européenne ; la Chine quatre fois plus ! l’Inde tout autant.
  • L’Union européenne a commencé à découpler avec succès croissance et émission de gaz à effet de serre, mais pas le reste du monde ;
  • La France émet 0,8 % du gaz à effet de serre mondial , soit par unité de PIB ou de consommation la plus faible émission. Le fait de parler « d’inaction climatique » au sujet de la France est donc absurde puisque nous n’avons aucun impact sur le climat ; mais il est vrai que cette performance est d’abord le résultat de notre acquis dans l’ énergie nucléaire que nos dirigeants ont cherché à détruire avant de la revaloriser. Les choix énergétiques de la France et de l’Allemagne ont été absurdes alors que nous pourrions être à la pointe de la quatrième génération nucléaire (Astrid) qui carbure les déchets et émet une énergie puissante et décarbonnée.

La crise du climat et le non-respect des accords de Paris (2015) est d’abord le fait de Trump, à nouveau candidat à la présidence des États-Unis. N’hésitant pas à parler du « canular du réchauffement climatique », ce type (pour ne pas dire ce criminel) a sorti son pays de l’Accord de Paris et entraîné partout la débandade climatique, sauf en Europe.

Huit ans après Paris, le monde dérive et se trouve sur une trajectoire de 4 degrés au moins sur les continents. C’est le chiffre validé désormais par le gouvernement français pour tous ses projets. Il faut le considérer comme un minimum car il ne prend pas en compte les boucles de rétroaction ( fonte des glaciers et du pergélisol ….).

Il faudrait à l’échelle mondiale réduire les émissions de – 50% en 2030 (versus 1990) pour espérer stabiliser le climat autour de + 1,5 degré mais l’importance des émissions en Inde, en Chine et aux États-Unis l’interdit et ce seuil fatidique sera atteint dès 2030. L’objectif de Paris est donc perdu.

Pourtant l’Union européenne qui est aux environs de -28 % tangentera l’objectif des – 50 %. Elle demeure envers et contre tout le bon élève de la classe.

Le climat des 30 prochaines années est donc déjà embarqué. Nous agissons désormais sur la dérivée seconde de la fonction climatique. C’est à dire sur sa trajectoire de stabilisation, en aucun cas sur la diminution du réchauffement qui se poursuivra inéluctablement pendant plusieurs décennies.

« Les écologistes à l’ouest , le CO 2 à l’Est », le titre de cette chronique nous permet de mieux comprendre la véritable nature de l’écologie politique en France. C’est le faux nez d’une extrême gauche wokiste et déconstructiviste. Son délire verbal, notamment contre la police, n’a qu’un seul but : détruire l’ordre républicain fondé sur la Loi.

Pourtant beaucoup d’objectifs écologiques sincères restent liés à des valeurs « de gauche ». Réduire les inégalités va de pair avec la réduction de la consommation d’énergie et avec le juste financement de la transition. Ce sont mêmes des objectifs indissociables.

Mais l’extrême-gauche fonctionne désormais en France comme une machine à détruire la gauche.

II) La crise climatique est inséparable de celle de l’énergie. La crise de l’énergie deviendra même la « voiture-balai » de la lutte contre le réchauffement avec la déplétion du pétrole.

Les deux graphiques joints à cette chronique (cf en dessous de l’article) montrent que nous sommes sur le pic pétrolier. Le premier émane du Shift Project , le second de l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) et du doyen des ingénieurs pétroliers Jean Laherère.

Que nous montrent-ils ?

Nous sommes depuis longtemps (2008) sur le pic pétrolier : une production qui tape dans un stock de ressources géologiques se présente toujours comme une fonction mathématique partant de zéro et revenant à zéro en passant par un pic.

Largement démontrée pour le pétrole , cette règle s’applique à l’ensemble des activités extractives.

Ainsi la production de pétrole ne se maintient depuis 2008 que par l’apport du pétrole de schiste et des sables bitumineux non rentables. À partir de 2030, les approvisionnements de l’Europe devraient diminuer inexorablement de 3-4 % par an.

Quelles conséquences ?

Le pétrole représente 1/3 de l’énergie primaire mondiale , il est omniprésent dans l’industrie. Étant la première source d’émission de CO 2, son déclin prévisible stabilisera à terme le climat.

Reste à résoudre une contradiction qui n’a pas de solution : en 2040, nous aurons environ 1/3 de pétrole en moins, mais nous aurons besoin pour le tout-électrique de multiplier par 7 la production de métaux rares ( lithium, cuivre , manganèse , cobalt etc …..).

Comment avec beaucoup moins de pétrole pourra-t-on transporter beaucoup plus de métaux ? La question n’est même pas formulée actuellement. Mais le président de Renault évoque la perspective d’une « guerre des métaux ».

III) Une équation impossible à résoudre sans une baisse massive de notre consommation d’énergie.

Il faut bien mémoriser les chiffres suivants pour comprendre les limites que nous allons rencontrer :

  • On nous dit que la demande d’électricité augmentera d’1/3 d’ici à 2030 et de 50 % vers 2040. C’est la conséquence du tout-électrique.
  • Cependant la baisse du débit des rivières ( -20 % en 10 ans ) va freiner la production des centrales nucléaires et hydroélectriques.
  • Frappées de vétusté , nos installations nucléaires ne seront partiellement renouvelées qu’en 2035.
  • Certes les renouvelables ont une marge de développement importante mais ne représentent en masse relative que le quart de ce qui précède.
  • Il y aura donc un « effet de falaise » vers 2030, puis au delà un problème de disponibilité et de transport des métaux rares.

Sauf miracles technologiques, nous ne pourrons donc nous en sortir que par des économies massives d’énergie.

En prenons-nous le chemin ?

La frénésie dans l’utilisation de l’énergie s’offre à nos yeux quotidiennement : utilisation délirante du téléphone, voyages incessants, dépenses somptuaires, événements grandioses, appétit du gain sans limites, ce n’est pas « la planète » qu’il faut sauver mais l’humanité qui risque de mourir de sa propre vanité. Vanité ou frénésie ?

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Graphiques :