La démission de Jean Rottner ravive le débat sur la dissolution du Grand Est, dans lequel ses partisans ont régulièrement recours à des propos stigmatisant les Alsaciens. Dernier exemple en date, ceux du conseiller régional Boris Ravignon : « Aujourd’hui, il y a un petit jeu mené par certains élus et partis alsaciens, loin de représenter la majorité en Alsace d’ailleurs, qui propage l’idée d’une identité ramenée à sa partie la plus étriquée. Cela m’agace (…) d’autant que personne ne menace l’identité alsacienne. (…) Est-ce que l’identité doit être le seul critère d’organisation au détriment de celui de l’efficacité ? Je ne pense pas ».
Personne en Alsace ne revendique une telle vision « étriquée » de l’identité. Et laisser entendre que seule une minorité souhaite la sortie du Grand Est est contredit par les sondages montrant qu’il s’agit d’une très large majorité.
En outre, Boris Ravignon oppose l’identité à l’efficacité. Les travaux économiques montrent pourtant que supprimer les régions porteuses d’identités est une erreur majeure. Alors que la Région cherche à imposer une identité du Grand Est, Boris Ravignon n’en fustige pas moins le prétendu « petit jeu identitaire mené par ceux qui n’en ont jamais assez », rappelant que « l’Alsace c’est la France », dénonçant le risque indépendantiste (rien que ça).
Cette campagne de dénigrement vise manifestement à détourner l’attention des sujets qui dérangent, dont le bilan économique. Dans un livre publié en 2021 (Le Grand Est, une aberration économique), je démontre pourtant que seule la dissolution du Grand Est permettrait d’allier le respect des identités et l’efficacité économique recherchée, n’en déplaise à certains.
Jean-Philippe Atz