« Nos langues, ce sont nos vies ». Nous faisons nôtre cette phrase des treize présidents de régions métropolitains, appelant à voter « conforme » la proposition de loi sur les langues régionales de Paul Molac, qui sera étudiée en deuxième lecture à l’Assemblée nationale le 8 avril prochain. Ce jour pourrait être historique, car il s’agirait de la première loi spécifiquement consacrée à la promotion des langues régionales définitivement adoptée sous la cinquième République.
Cette proposition de loi a dans un premier temps été adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale le 13 février 2020, mais les députés n’ont pas retenu les cinq articles relatifs à l’enseignement figurant dans le texte initial. De leur côté, les sénateurs ont adopté le 10 décembre dernier l’ensemble des articles du texte tel que voté à l’Assemblée nationale. Ils ont ainsi validé l’intégration de nos langues dans le Code du patrimoine pour une meilleure protection ; entériné la réglementation relative à la signalétique bilingue dans les services publics ou encore autorisé la reconnaissance des signes diacritiques en langue régionale à l’état-civil en réponse à l’affaire du petit Fañch.
Mais les sénateurs ne se sont pas arrêtés là : constatant que le texte issu du vote de l’Assemblée nationale ne contenait aucune avancée concernant l’enseignement de nos langues, ils ont ajouté quatre dispositions majeures :
– Le conventionnement État-Région sur tout ou partie des territoires concernés visant à proposer l’enseignement de la langue régionale à tous les élèves sans caractère obligatoire (ce qu’il est possible de faire en Corse depuis 2002) ;
– La possibilité de délivrer un enseignement en immersion à l’école publique ;
– Le versement automatique du forfait scolaire en faveur des écoles associatives en langue régionale ;
– L’application de la législation sur l’enseignement des langues régionales aux deux langues du département de Mayotte, qui en est aujourd’hui injustement privé.
Aujourd’hui, nos langues sont pour la très grande partie d’entre elles classées par l’Unesco comme étant en grand danger d’extinction. Leur usage dans la vie courante, au sein du cercle familial, et dans l’espace public, est devenu résiduel. Des générations de locuteurs ont disparu, laissant la place à des individus en capacité de comprendre nos langues, sans pour autant être forcément en mesure de les parler. Si rien ne change, nos langues vivantes deviendront inévitablement des langues mortes et n’auront plus de place que dans les livres d’Histoire.
C’est pourquoi notre collectif « Pour Que Vivent Nos Langues » a décidé de se mobiliser à l’approche de l’étude de cette proposition de loi vitale pour l’avenir de nos territoires et de nos langues qui constituent un lien social entre les générations.
Notre collectif a d’ores et déjà mené plusieurs actions de sensibilisation sur ce texte et il restera mobilisé pour en rappeler l’importance, jusqu’à son examen en commission, puis en séance plénière.
– Nous avons organisé quatre réunions en visio-conférences à l’attention des parlementaires et de leurs collaborateurs pour leur exposer l’enjeu pour nos langues de l’adoption de cette proposition de loi ;
– Nous avons adressé à l’ensemble des députés par mail un formulaire de recueil d’intentions de vote concernant cette proposition de loi, matérialisées par la suite sur une carte interactive en ligne :
https://padlet.com/elternbilinguisme/nqgc993dmle7r0ai
– Nous venons de créer une pétition, également en ligne, visant à recueillir un maximum de soutiens de la part des citoyens français soucieux d’appeler, comme nous, à une adoption conforme de cette proposition de loi :
https://www.change.org/p/assembl%C3%A9e-nationale-pour-un-vote-conforme-de-la-proposition-de-loi-sur-les-langues-r%C3%A9gionales
– Nous avons par ailleurs relayé la vidéo de l’humoriste Simon Cojean, rendue publique le vendredi 19 mars, qui a alerté le ministre de l’Éducation nationale sur la nécessaire évolution de la législation pour la pérennité de nos langues ;
– Enfin, chacune de la trentaine d’organisations membres de notre collectif agit dans le périmètre de son territoire afin de relayer notre message commun.
Oui, « Nos langues, ce sont nos vies ». Afin de préserver et promouvoir cette diversité culturelle qui fait la richesse de notre République, nous appelons donc les députées et les députés à voter ce texte conforme lors de son passage à l’Assemblée nationale le 8 avril 2021.
. COMMUNIQUE DU COLLECTIF » POUR QUE VIVENT NOS LANGUES » .