L’histoire de Carcassonne est directement liée à celle de la cité.

Il s’agit de la ville basse ou bastide Saint-Louis.

Au sud de la cité, cinq châteaux forts (château de Termes, château d’Aguilar, château de Quéribus, château de Peyrepertuse et château de Puilaurens), désignés comme les  » cinq fils de Carcassonne « , dont les ruines subsistent encore, défendaient le passage du Languedoc contre des ennemis.

Le site était déjà habité au Néolithique et a livré des objets notamment une hache en néphrite, qui a appartenu au XIXe siècle au minéralogiste Alexis Damour, conservée au Muséum de Toulouse.

Carcassonne était très tôt l’emplacement d’un site protohistorique très actif situé près du fleuve Atax (l’Aude). C’est la première apparition connue du toponyme Carcasso  » Dans l’intérieur des terres, colonies : Arles de la sixième légion, Béziers de la septième, Orange de la seconde ; dans le territoire des Cavares, Valence, des Allobroges Vienne ; villes latines : Aix des Salluviens, Avignon des Cavares, Apta Julia des Vulgientes, Alébécé des Reies Apollinaires, Alba des Helves, Augusta des Tricastins, Anatilia, Aeria, Bormanni, Comacina, Cabellio, Carcasum des Volces Tectosages, Cessero, Carpentoracte des Mémines, Ies Caenicendes, les Cambolectres, surnommés Atlantiques, Forum Voconii, Glanum Livii « .

Le site originel de Carcassonne se trouvait sur le plateau où passe l’actuelle autoroute A61. Il s’est ensuite déplacé, au vie siècle, vers l’emplacement actuel de la cité de Carcassonne sans raison connue. À la fin du IIe siècle av. J.-C., le lieu est déjà un oppidum avec des fossés et héberge des habitations gauloises. En 118 av. J.-C., les Romains s’emparent du lieu occupé par les Volques Tectosages et fortifient l’oppidum.

L’itinéraire de l’Anonyme de Bordeaux passe dans la région et mentionne ce site.

Ensuite les Wisigoths s’emparent de l’oppidum au Ve siècle. Il s’y maintiennent jusqu’à l’arrivée, au début du VIIIe siècle, des Arabes omeyyades ; ces derniers resteront une trentaine d’années à Carcassonne avant d’être chassés par les Francs de Pépin le Bref. ’Anbasa ibn Suhaym al-Kalbi, aussi connu sous le nom francisé d’Ambiza, général arabe et wali (gouverneur) du califat omeyyade s’était emparé de Carcassonne en 725; des tribus arabes et berbères s’y installèrent jusqu’à ce que Pépin le Bref ne les chassent définitivement en 759. Les Arabes laisseront le nom de Qarqshuna. D’autres noms apparaissent comme Carcasona ou Carcassione. Après l’éclatement de l’Empire Carolingien, l’époque féodale s’instaure avec à la tête de la ville la famille Trencavel qui va y régner en dynastie du XIe au XIIIe siècle. Carcassonne prospère et prend une place stratégique très importante dans le Languedoc.

La ville de Carcassonne entretient la légende selon laquelle le nom de la ville de Carcassonne daterait du début du IXe siècle. Au moment des faits, la ville aurait été sarrasine. Charlemagne aurait fait le siège, mais la maîtresse des lieux, dame Carcas, aurait fort résisté. Les deux armées seraient devenues affamées. Tandis qu’il n’aurait resté qu’une mesure de blé et un petit cochon dans la cité, la dame Carcas aurait eu l’idée de démoraliser ses adversaires.

Le porcelet aurait été engraissé, puis projeté par-dessus les remparts. Pensant que la ville avait encore beaucoup de nourriture, Charlemagne aurait fait lever le siège. À ce moment, dame Carcas aurait fait sonner les trompettes (ou les cloches des églises) et, Charlemagne revenant sur ses pas, la dame Carcas lui aurait proposé la paix. D’où l’expression  » Carcas sonne « .

Historiquement, la reconquête des terres du Languedoc par Charlemagne remonte à son père, Pépin le Bref, au milieu du VIIIe siècle.

Le catharisme atteint Carcassonne qui aura beaucoup d’adeptes dans ses murs. Les cathares étant protégés par le vicomte Raimond-Roger Trencavel, la ville devient terre d’hérésie aux yeux du pape Innocent III. En conséquence, elle subit de plein fouet les feux de la croisade, bientôt dirigée par Simon de Montfort après la chute de la ville le 15 août 1209 (auparavant c’était Arnaud Amaury, le légat pontifical, qui dirigeait la croisade). C’est ainsi que l’armée des croisés met le siège devant Carcassonne. Les deux bourgs tombent rapidement, ils sont brûlés et détruits. L’enceinte de la Cité va résister à l’assaillant. C’est la sécheresse et la soif qui font capituler le vicomte de Carcassonne au bout de deux semaines de siège. En effet Trencavel ne prit aucune disposition pour défendre l’accès aux points d’eau situés en dehors de l’enceinte, croyant que les assiégés seraient secourus rapidement. Il est aussitôt jeté en prison où il meurt très rapidement. Dès la prise de la Cité, les terres des Trencavel sont attribuées à un des Barons du nord, le célèbre Simon de Montfort. Son fils donna ses terres au roi de France, qui les intégra au domaine royal en 1224 et devint officiellement sénéchaussée en 1226. Un tribunal d’inquisition est installé dans la ville en 1234.

Ce dernier événement est majeur dans l’histoire de Carcassonne. Après la tentative de révolte des Carcassonnais menée par le fils du vicomte Trencavel en 1240, saint Louis chasse la population de la ville, et l’autorise à s’établir sur l’autre rive du fleuve : c’est la création d’une ville nouvelle. Une bastide, nommée bastide Saint Louis, est alors créée en contrebas de la Cité de Carcassonne. Carcassonne devient une ville bicéphale où une concurrence économique et politique acharnée a lieu entre Cité et Bastide. Progressivement, la Bastide Saint-Louis prospère économiquement, au point de surpasser la Cité qui perd au fur et à mesure tous ses pouvoirs et son rayonnement politique.

La ville basse est dotée d’un consulat en 1248. Six consuls gouvernent la ville avec l’aide des notables. Au XIVe siècle, la ville est le premier centre de production textile du royaume, dont la matière première utilisée est la laine. Elle provient des élevages de la Montagne Noire et des Corbières. Les productions étaient exportées vers les grands comptoirs européens comme Constantinople ou Alexandrie.

En 1348, la ville est touchée par la peste comme le reste du pays et l’épidémie est récurrente jusqu’au siècle suivant. À cette même période, la guerre de Cent Ans provoque de nombreux dégâts. Le prince Noir dévasta par le feu la ville basse en 1355 en épargnant la cité de Carcassonne. Un siège aurait été trop long et l’aurait ralenti dans son entreprise de pillage. La bastide fut reconstruite (mais seulement la moitié de la bastide) et fortifiée en 1359. L’industrie du drap reprend et se développe.

Quoique la ville de Carcassonne ne connût pas le roi Louis XI (1423-1461-1483), ce dernier n’hésita pas à confirmer ses privilèges et défendre la ville en mars 1462.

Du XVIe au XVIIIe siècle, la ville basse connaît une croissance supérieure. Jusqu’à la signature en 1659 du Traité des Pyrénées, la Cité conserve son rôle militaire à la frontière entre la France et l’Aragon. En 1531, le protestantisme fait son apparition, mais les calvinistes sont chassés de la ville basse qui se fortifie de plus belle. C’est une base pour les catholiques qui partent en guerre contre les villages protestants de la région : Limoux, Bram… De plus, des rivalités apparaissent entre la cité et la ville basse provoquant des destructions de la ville basse. Au début des années 1560, les protestants de la ville sont massacrés. Charles IX passe dans la ville lors de son tour de France royal (1564-1566), accompagné de la Cour et des Grands du royaume : son frère le duc d’Anjou, Henri de Navarre, les cardinaux de Bourbon et de Lorraine.

Un passage de l’Histoire générale de Languedoc de Dom Vaissète offre un intéressant compte rendu de la réunion des États de Languedoc [dont il est possible de visualiser la gravure d’une séance solennelle plus tardive en note] de 1569 qui se tint, en pleines guerres de religion, à Carcassonne dans le grand réfectoire des Augustins de la ville basse, sous la présidence par ordonnance royale, d’Antoine II de Dax, évêque d’Alet (1565-†1579). Ce texte illustre bien le type de tâches et de débats qui animaient les réunions des États, il est lisible par la note. La tenue des États à Carcassonne permet aussi de vérifier que la ville conservait toujours une place et un rôle politique en Languedoc, Pays d’états, au XVIe siècle.

Petit à petit, la Cité perd de son importance avec le transfert de nombreuses institutions à la ville basse croissante. La richesse due au commerce drapier permet d’embellir la ville. La manufacture de draps des Saptes fut créée, ou plutôt relancée, en 1667 par Colbert pour développer ce qu’avaient créé les frères Saptes, venus de Tuchan, qui s’installèrent au XVIe siècle près de Conques, puis Carcassonne, où ils concentrèrent en un même lieu toutes les opérations nécessaires à la fabrication des tissus, ce qui valut une grande prospérité à la famille, dont la troisième génération abandonna la fabrique pour la magistrature.

Des hôtels luxueux sont construits, l’eau est amenée jusqu’à la ville, le pavage et l’éclairage des rues rendent la ville plus moderne. Les vieux remparts et portes de la ville basse sont démolis au XVIIIe siècle, et le portail des Jacobins est construit à cette époque. Malheureusement, de nombreux problèmes causent la perte de cette mono-industrie. À la Révolution française, la ville est peu engagée et l’industrie drapière est concurrencée par les Anglais, provoquant des baisses de salaires importantes. Le 29 janvier 1790, le département de l’Aude est créé, et Carcassonne en devient le chef-lieu. Elle devient aussi chef-lieu de district. Mais les prix de la nourriture augmentent, la famine et le mécontentement populaire se font sentir.

Sous la Restauration, l’activité est mécanisée et les salaires sont tirés vers le bas. La viticulture entre en concurrence, et la misère gagne la cité de Carcassonne et ses derniers tisserands.

Au XIXe siècle, un changement dans les mentalités intervient et une prise de conscience pour les monuments historiques s’annonce. On veut restaurer et valoriser le patrimoine français. La Cité, complètement ruinée et miséreuse, reçoit le soutien d’érudits audois et carcassonnais tel Jean-Pierre Cros-Mayrevieille note soutenu par Prosper Mérimée, inspecteur des monuments historiques. Les premiers travaux de restauration portent sur la basilique Saint-Nazaire.

De nombreuses expropriations ont ensuite lieu, supprimant la totalité de l’habitat construit dans les lices (espace intermédiaire délimité par les deux remparts) et excluant une partie de la population de la Cité. Un demi-siècle de travaux a ensuite lieu pour restituer toute la grandeur du XIIIe siècle au plus grand ensemble de fortification du Moyen Âge d’Occident. L’architecte Viollet-le-Duc, spécialiste des restaurations en France, porta ce chantier avec réussite mais déclencha parfois une certaine polémique sur ses choix de restaurations et sur ses initiatives personnelles assez particulières. Il n’en demeure pas moins que la Cité de Carcassonne est globalement très bien restaurée, la restauration portant sur seulement 15 % du bâti (crénelages, toitures).

En 1907, les vignerons carcassonnais participent à la révolte des vignerons pour dénoncer les problèmes qui affectent la viticulture du Languedoc. La fraude récurrente de certains producteurs, la surproduction, le mildiou et la concurrence provoquent leur colère et ils demandent à l’État, qui dans un premier temps ne réagit pas, de mettre en place une réglementation sur les productions viticoles. Carcassonne rejoint en septembre 1907 la Confédération générale de vignerons du Midi (CGV), la première union syndicale.

En 1944, la cité de Carcassonne est occupée par les troupes allemandes qui utilisent le château comtal comme réserve de munitions et d’explosifs. Les habitants sont expulsés de la Cité. Joë Bousquet, commandeur de la Légion d’honneur, s’indigne de cette occupation et demande par lettre au préfet la libération de la Cité, considérée par tous les pays comme une œuvre d’art qu’il faut respecter et laisser libre.

En avril 1996, Rémy Cazals organise le colloque de Carcassonne sur la Première Guerre mondiale, qui permit de publier Traces de 14-18 et de faire avancer l’historiographie de la Première Guerre mondiale.

En 1997, la Cité de Carcassonne atteint la consécration en obtenant son classement sur la liste des sites au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, et la ville basse de Carcassonne, « la Bastide Saint-Louis », est classée secteur sauvegardé. Aujourd’hui, avec en moyenne 1,9 millions de touristes depuis 2012, la cité est un haut lieu touristique.

Le 6 novembre 2003 eut lieu à Carcassonne, dans l’hôtel de la Cité, le 16e sommet franco-espagnol en présence de José María Aznar, chef du gouvernement espagnol, de Jacques Chirac, président de la République et de 13 ministres des deux pays.

Le 29 juin 2008 pendant les journées « portes ouvertes » à Carcassonne du 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (3e RPIMa), à la suite d’une erreur d’approvisionnement de tir (balles réelles au lieu de balles à blanc), un accident provoque des blessures graves sur 17 personnes dans le public. Cette affaire, devenue nationale après la visite sur place du président de la République, Nicolas Sarkozy, accompagné de son ministre de la Défense, entraîna la démission du chef d’état-major des armées.

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