03/11/2023
Chaque année, entre 5 000 et 10 000 cétacés sont attrapés par des filets de pêche dans les eaux françaises.
Face à ce phénomène, l’Etat va devoir fermer dans les semaines à venir certaines zones de pêche dans le Golfe de Gascogne afin de limiter les captures accidentelles de dauphins. Cette décision impacte évidemment les professionnels de la mer du Pays basque. Avant que la situation ne se détériore, les pouvoirs publics doivent rapidement rassembler les acteurs pour trouver une solution à très court terme et à plus long terme.
Depuis plusieurs années, l’ONG environnementale Sea Shepherd dénonce les captures accidentelles de milliers de dauphins par les engins de pêche. Fin 2021, associée aux ONG Défense des Milieux Aquatiques (DMA) et France Nature Environnement (FNE), Sea Shepherd a déposé des recours devant le Conseil d’État contre le gouvernement français. A l’issue de la procédure, le Conseil d’État a accédé à leur demande dans sa décision du 20 mars 2023 : Le gouvernement français est sommé de fermer certaines zones de pêche dans le Golfe de Gascogne pour protéger les dauphins et les marsouins. L’Etat doit même agir sous 6 mois.
Le Conseil d’Etat a suivi les recommandations des experts et les orientations de l’Union européenne qui exigeaient de la France des mesures en faveur de la sauvegarde des mammifères marins. Si jusqu’à présent le gouvernement et les pêcheurs ont toujours repoussé l’idée d’une suspension de l’activité, il n’y a plus d’échappatoire aujourd’hui. Le Gouvernement doit désormais prendre des mesures de fermeture de la pêche sous six mois, en complément des dispositifs de dissuasion acoustique.
Plus de 6 millions d’euro de perte pour la pêche basque
Cette décision administrative est un coup dur pour tout le milieu de la pêche. Elle met réellement en péril toute l’activité du secteur en particulier dans le Pays basque. Le président du comité des Pyrénées-Atlantiques et des Landes (CIPDMEM 64-40), Serge Larzabal a estimé qu’une fermeture des zones de pêche constituerait plus 3 millions d’euros de perte pour les pêcheurs de Bayonne et 3,6 millions d’euros pour la criée de Ciboure. Cela représenterait une baisse du chiffre d’affaire de près de 40% pour chaque entreprise. Même si les ONG réclamaient des compensations financières pour les pêcheurs, sans le soutien des pouvoirs publics, ce sera compliqué. Plusieurs élus locaux, notamment les maires de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure ont exprimé leur soutien en allant à la rencontre des professionnels. Ce n’est pas suffisant. Rappelons que l’économie bleue est aussi une compétence de la Communauté Pays basque : comment compte-t-elle accompagner les professionnels de la pêche dans leur activité et ses évolutions ? Pour l’heure, dans l’urgence, la Communauté Pays basque doit se faire entendre à Paris et exiger un soutien exceptionnel de sa filière.
Il faut aussi s’inquiéter des tensions entre les professionnels de la mer et les ONG, qui risquent de s’accentuer. Vendredi dernier, quelques jours après la publication de la décision du Conseil d’Etat, une soirée dînatoire au profit de Sea Shepherd France était organisée au château de Brindos à Anglet. Une quarantaine de pêcheurs professionnels s’y sont rendus pour manifester leur colère et essayer de discuter avec les professionnels locaux de la restauration sur la place qu’ils veulent faire à la pêche artisanale basque. C’est bien le cœur du sujet.
A EAJ-PNB, nous appelons la Communauté Pays basque à rassembler les acteurs de la filière et à exiger de l’Etat des mesures à très court terme comme à plus long terme. Elle doit lancer un processus pour que ces acteurs, des restaurateurs aux pêcheurs travaillent, main dans la main et se fassent entendre.
Jean Tellechea, secrétaire d’EAJ-PNB
Paru dans la Semaine du Pays Basque n° 1526