Carmaux : fermeture de l’école occitane

Par Simon Brändli, conseiller municipal d’opposition

Alors que la rentrée des classes se prépare, voici le communiqué d’EELV Carmaux concernant la fermeture de l’école occitane de Carmaux.

Communiqué de presse du groupe écologiste de Carmaux

Faute de soutien municipal, la Calandreta de Carmaux ferme définitivement ses portes jeudi 7 juillet.

Après 7 ans et demi d’existence, la Calandreta Pic Aucèl de Carmaux ferme définitivement ses portes jeudi 7 juillet. La trentaine d’enfants inscrits pour l’an prochain, dont une dizaine de nouvelles familles, n’ont qu’à aller voir ailleurs : le maire de Carmaux a décidé unilatéralement la fermeture de cette école, en ne renouvelant pas le bail locatif qui l’unissait à l’association gestionnaire de l’école.

La plupart des maires de petites villes se battent quotidiennement pour maintenir ouvertes les classes et les écoles de leur territoire. Mais nous sommes à Carmaux dotés d’un personnage qui, lui, se bat avec acharnement, depuis son élection, pour fermer certaines de ses écoles, en particulier la Calandreta.

Cette école associative et laïque, où l’enseignement était gratuit, offrait depuis janvier 2016 un service public d’enseignement respectant le programme de l’Éducation nationale, tout en appliquant des pédagogies actives et en permettant le développement d’un enseignement immersif précoce de la langue d’oc aux jeunes générations.

Le mouvement associatif Calandreta, depuis sa création en 1979, est indépendant des organisations politiques, syndicales et religieuses. Il compte aujourd’hui 65 écoles, 4 collèges et 1 lycée répartis sur tout le territoire occitan.

C’est une attaque en règle de la municipalité à l’encontre de ce patrimoine culturel de la France, comme le rappelle la constitution française et plus récemment la loi Molac, promulguée le 21 mai 2021, qui accorde le statut de trésor national aux langues française et régionales.

Cette école était installée dans les locaux du Puech la joie, bâtiment largement sous utilisé, et son activité était totalement compatible avec celle du centre de loisirs, cantonnée sur la période d’été, comme le rappelle un salarié de l’amicale laïque (gestionnaire de ce centre de loisirs) et qui s’inquiète par ailleurs de la dégradation rapide de locaux laissés vacants 10 mois sur 12. Si on aurait pu imaginer que cette expulsion soit due à l’existence d’un nouveau projet sur le site, la mairie le confirme : aucun projet n’est actuellement prévu au Puech la joie.

Les explications du maire concernant cette fermeture sont absolument incohérentes : celui-ci évoque des problèmes de sécurité. Pourtant, le centre de loisirs du Puech de la joie continue d’être accueilli tout l’été dans ces mêmes locaux, avec un nombre d’enfants beaucoup plus conséquent, et les normes pour un accueil de loisirs et pour une école sont exactement les mêmes. Il parle également de difficultés pour louer ces locaux. C’est factuellement faux puisqu’une partie des locaux étaient loués presque chaque week-end pour des repas, des fêtes et des réunions, et que l’autre partie n’est pas louable pour ce type d’activité et ne l’a jamais été. En réalité, la rupture du bail entre l’école et la mairie représente un manque à gagner pour la mairie de 2.000 € / an (le montant du loyer, pour les locaux qui seront désormais vides 10 mois sur 12).

Depuis sa création, l’école Calandreta de Carmaux a participé à la dynamique locale en organisant de nombreux événements culturels, des bals occitans, des représentations de pièces de théâtre, des « camps de Nadal » (marché de Noël) chaque année, et en tissant de nombreux liens avec le tissu associatif du territoire (l’Amicale laïque, l’UCIAC, le Cercle Occitan de Carmaux, le Planning familial du Tarn, l’association « abeille citoyenne », l’association Karmaterre, l’Ostal Jean Boudou, le club de plongée de Carmaux, Clap ciné, l’association arbres et paysages tarnais, imagine Carmaux, Lezard’ane, Yucca éditions, le musée de la mine de Cagnac …), en œuvrant sur les questions de parentalité positive (avec le soutien de la Communauté de Communes) à travers la mise en place d’ateliers ouverts à toutes les familles du territoire, et en promouvant le lien intergénérationnel entre seniors et enfants de l’école.

Le maire de Carmaux aurait aimé voir déménager la Calandreta… en dehors de Carmaux, arguant que « ce projet aurait pu être intéressant dans une autre commune du carmausin ». C’est méconnaître la réalité des écoles associatives et du principe du forfait scolaire, qui impose une implantation dans les villes centre des communautés de communes.

Les parents d’élèves, dans une lettre ouverte adressée au maire, rappellent que « ce sont près de 50 enfants qui ont été inscrits au sein de cette école associative avec l’accompagnement de 7 enseignants, 6 assistantes maternelles, 1 AESH et 4 jeunes en service civique qui se sont

succédés. » Ils rappellent également que « Notre école n’a jamais été en concurrence avec les écoles publiques mais bien en complémentarité sur le territoire pour valoriser et transmettre la langue et la culture occitanes. En effet, nos écoles immersives participent largement au développement de la

culture de notre région et permettent de transmettre la langue et la culture occitanes aux

enfants en assurant leur scolarisation en occitan dès l’école maternelle jusqu’à une maîtrise

des deux langues à la fin du cycle élémentaire. »

Simon Brändli, conseiller municipal d’opposition

et référent local d’EELV Carmaux