Il était né de l’autre côté de la Méditerranée, en Tunisie. Il est arrivé chez nous avec ses parents, ses frères et sa sœur à l’âge de 6 ans. Son père, Italien d’origine, ne parlait italien qu’à sa mère et lui disait qu’il fallait parler la langue de ce pays d’accueil des pieds-noirs, le français. Mais il ne tarda pas à se rendre compte que la langue d’origine de l’Agenais et d’un ensemble plus vaste nommé l’Occitanie était l’occitan et soucieux de s’intégrer dans son nouveau pays, il se mit en devoir de l’apprendre sous la férule de Jean Rigouste alors professeur d’occitan au lycée Palissy d’Agen. Il ne se contenta pas d’adopter la culture occitane, il fit des rencontres qui le menèrent à une action plus politique pour l’Occitanie comme celles de Christian Rapin, Maurice Pépin de l’ex librairie occitane rue Grenouilla, Jean-Jacques Verdoux, Jacques Ressaire et surtout François Fontan, fondateur en 1959 du Parti Nationaliste Occitan, aujourd’hui Parti de la Nation Occitane dont il était devenu il y a quelques années un des trois coprésidents. Militant infatigable de la cause occitane comme moi, nous avons mené de nombreux combats ensemble et participé depuis 1982 à quasiment toutes les grandes manifestations pour la langue occitane mais aussi à l’Escòla Occitana d’Estiu de Villeneuve- sur-Lot et encore l’Estivada de Rodez, l’Université Occitane de Nîmes et j’en passe. En liaison avec son militantisme, il était féru de toponymie et d’onomastique pour laquelle il contribuait à l’émission Adichats dans une radio locale. Il collaborait à la maison d’éditions layraquaise « les bouts de papier » et poète occitan à ses heures, il venait d’y publier un recueil de poésie « Punta de roge ». Il ne dédaignait pas non plus le dessin ni la littérature. Passionné par le rugby, il avait créé la Mesclanha (mêlée) association pour le retour de la finale du top 14 dans le Grand Sud. Travaillant à la Poste puis à la banque postale, il avait connu le déchirement de l’exil pour raisons professionnelles à Paris, Aix en Provence puis Bordeaux pour retourner à Layrac pour sa retraite. Bon vivant, il appréciait la cuisine et les vins occitans. Son engagement culturel et politique ne l’empêchait pas d’être attachant et toujours aimable avec ses interlocuteurs, jamais agressif avec ceux qui ne partageaient pas ses idées. Gravement malade depuis quelque temps, il semblait sur la voie de la guérison mais affaibli, il s’en est allé contre toute attente. Nous étions amis très proches depuis 47 ans et son départ est une blessure profonde que même le temps ne pourra guérir. Avec une infinie tristesse, j’adresse mes plus sincères condoléances à son épouse Janine et à toute sa famille et les assure que je veillerai à continuer son combat pour une Occitanie libre. Adiu Gèli comme on dit au carnaval : tu t’en vas e io demòri
Jean-Pierre Hilaire