“mettre de la proportionnelle” dans nos élections législatives.

Depuis des années, on entend parler de “mettre de la proportionnelle” dans nos élections législatives.

Mais on oublie toujours l’essentiel : toutes les proportionnelles ne se valent pas.

Certaines améliorent la démocratie, d’autres la paralysent.

Si nous voulons réformer, il faut choisir ce qui fonctionne réellement — pas ce qui flatte un camp ou un autre.

Aujourd’hui, je veux expliquer ce qui serait, selon moi, la réforme électorale la plus juste et la plus adaptée à la France : le système mixte, utilisé par plusieurs des démocraties les plus stables au monde.

1. Le système actuel ne représente plus correctement le pays

La France a choisi un scrutin majoritaire à deux tours.

Ce système crée une apparence de stabilité, mais il produit aussi plusieurs effets négatifs :

• de très nombreux électeurs ne sont pas représentés à l’Assemblée ;

• certains partis sont surreprésentés, d’autres entièrement effacés ;

• la légitimité des majorités devient de plus en plus fragile ;

• une part croissante de la population a le sentiment que son vote ne compte pas.

Un exemple simple : un parti peut faire 20 ou 30 % au niveau national et n’obtenir que quelques sièges.

À l’inverse, un autre peut gouverner seul avec le soutien réel d’une minorité de citoyens.

Ce décalage fragilise la confiance démocratique.

2. Pourquoi une proportionnelle intégrale ne serait pas adaptée à la France

Certains veulent passer à une proportionnelle totale.

Sur le papier, cela semble plus juste.

En réalité, c’est le système le plus risqué pour un pays comme le nôtre.

La proportionnelle intégrale entraîne généralement :

• une multiplication des partis ;

• l’impossibilité de dégager une majorité claire ;

• des négociations interminables ;

• l’instabilité gouvernementale ;

• un pouvoir excessif des formations les plus extrêmes.

Il suffit d’observer les exemples d’Israël ou des Pays-Bas.

La France, déjà très fragmentée politiquement, vivrait une instabilité supplémentaire.

3. Le bon modèle : un système mixte, équilibré et stable

Le modèle qui fonctionne réellement, c’est celui utilisé par l’Allemagne ou la Nouvelle-Zélande :

50 % de proportionnelle et 50 % de scrutin majoritaire,

avec un seuil de 5 % pour accéder aux sièges proportionnels.

Ce n’est pas un compromis artificiel : c’est un système pensé pour concilier représentativité et stabilité, deux exigences essentielles dans une grande démocratie moderne.

4. Comment fonctionnerait ce système en France ?

50 % de députés élus comme aujourd’hui

Dans les circonscriptions traditionnelles.

Cela permet de préserver l’ancrage local : chaque territoire garde “son” député.

50 % de députés élus à la proportionnelle

Sur des listes régionales, afin d’assurer une représentation équilibrée sur tout le territoire.

Chaque voix compte réellement : un parti qui obtient 12 % des voix obtient environ 12 % des sièges proportionnels.

Un seuil de 5 %

Ce seuil est indispensable pour éviter la fragmentation excessive.

Il empêche l’entrée de micro-partis incapables de contribuer à la stabilité parlementaire.

Les pays qui appliquent ce seuil ont des Parlements stables et efficaces.

5. Les bénéfices concrets pour la France

Une Assemblée plus représentative

Chaque vote a une traduction réelle en sièges.

Une majorité plus légitime

Le gouvernement repose sur un soutien démocratique plus solide.

Une culture du compromis et de la responsabilité

Les partis doivent travailler ensemble sur des bases programmatiques, et non sur des alliances improvisées entre les deux tours.

Moins de radicalisation du débat

Les extrêmes ne dominent plus le jeu politique.

Une fin de certaines manœuvres électorales

Les triangulaires artificielles ou les “fronts républicains” par défaut perdent leur caractère tactique.

6. Une Assemblée plus stable, pas moins

Contrairement à ce que certains prétendent, cette proportionnelle ne paralyse pas le pays.

Au contraire.

Grâce aux sièges majoritaires, la structure territoriale reste robuste.

Grâce au seuil de 5 %, seules les forces capables de participer réellement au débat démocratique entrent à l’Assemblée.

Grâce aux listes régionales, l’équilibre entre territoires est respecté.

Ce système donne, partout où il existe, des gouvernements durables et responsables.

7. Pourquoi cette réforme n’a jamais été mise en place ?

Parce qu’elle bouscule les avantages du système en place.

Le scrutin majoritaire profite surtout aux partis qui gouvernent, qui ont peu d’intérêt à réformer les règles qui les ont amenés au pouvoir.

Pourtant, cette réforme serait l’une des clés d’une démocratie plus sereine, plus moderne et plus respectueuse de sa diversité politique.

8. Une piste pour réconcilier les Français avec leur démocratie

Le système mixte 50 % proportionnelle – 50 % majoritaire, avec un seuil de 5 %, est probablement la réforme électorale la plus équilibrée pour la France.

Il offrirait :

• une meilleure représentation,

• une stabilité retrouvée,

• une légitimité renforcée,

• une vie politique plus apaisée.

C’est une réforme de justice démocratique, mais aussi de responsabilité collective : elle redonne de la voix à chacun, sans fragiliser l’État.