Le film de Francis Fourcou le 15 septembre, à l’Ostal Occitan de Narbonne

Pourtant à des milliers de kilomètres les uns des autres, les peuples occitan, en France, et osage, aux États-Unis, ont des liens extrêmement étroits qui se traduisent notamment par un intérêt commun pour la préservation de leur langue et de leur culture.

Le réalisateur occitan Francis Fourcou explore cette surprenante relation dans son film Un pont au-dessus de l’océan, présenté samedi soir dans le cadre du festival Présence autochtone, à Montréal.

L’amitié entre les deux peuples remonte au XIXe siècle. En 1827, six Autochtones osages arrivent en Europe afin de faire une sorte de tournée pour demander la protection de la France. Ils y rencontrent notamment le roi Charles X, en plus d’être présentés dans des théâtres.

Une amitié longtemps oubliée

En 1829, alors qu’ils ne sont plus que trois, l’intérêt envers ces visiteurs diminue, précarisant leur situation sur le territoire. L’évêque de Montauban, en Occitanie, vient donc à leur aide, et, grâce à des quêtes organisées auprès de la population locale, finance le retour du contingent autochtone sur le territoire américain.

Cette histoire longtemps ignorée a ressurgi il y a environ 35 ans, alors que l’Occitan Jean-Claude Drouilhet a décidé de remettre à l’ordre du jour cette complicité, notamment en fondant l’association Oklahoma-Occitania.

Depuis, les visites entre les deux communautés se multiplient, cristallisant une relation d’amitié basée sur des événements ayant eu lieu il y a presque 200 ans. Des activités symboliques ont également été organisées, comme la cession de petites terres et l’inauguration d’un rond-point.Ouvrir en mode plein écran

Réunis sur écran géant

En Occitanie, cette histoire de fraternité n’est plus un secret.

C’est une histoire que tout le monde connaît, au sujet de laquelle tout le monde est curieux.Une citation deFrancis Fourcou, cinéaste

Le réalisateur dévoile cette année au festival Présence autochtone Un pont au-dessus de l’océan, qui illustre ce jumelage.Ouvrir en mode plein écran

En regardant le film, le spectateur est transporté à la fois en Occitanie et en territoire osage, où il peut constater l’état de ces communautés, et plus particulièrement leur relation avec leur langue en danger.

C’est un dialogue de deux cultures, résume tout simplement le réalisateur.

Plus qu’un dialogue, le documentaire souhaite souligner les ressemblances entre les deux régions. Il y avait dans le territoire, dans la culture, dans la langue, beaucoup de choses qui m’intéressaient, précise le cinéaste, aussi fondateur d’une société de production spécialisée dans le contenu occitan.

Pour mettre en écho les deux cultures, Francis Fourcou suit symétriquement Chelsea Tayrien, poétesse osage, en territoire occitan, et Isabelle François, chanteuse occitane, en territoire osage.Ouvrir en mode plein écran

Pour le documentariste, il était important de faire visiter sa région à un Osage afin que celui-ci puisse porter un regard totalement différent et distancié sur l’Occitanie, évitant ainsi que l’œuvre soit trop fortement teintée d’une perspective européenne.

C’est surprenant, estime le réalisateur à propos du résultat.Ouvrir en mode plein écran

Des Autochtones en France, une idée de plus en plus populaire

Si Francis Fourcou expose généreusement les parallèles entre Osages et Occitans, il reste un peu vague sur la dénomination pouvant être attribuée à son peuple.

Les Occitans devraient-ils être considérés comme des Autochtones?

Là-dessus, Francis Fourcou est plutôt évasif.

C’est très curieux. C’est une idée assez récente… Parce que le mot ”Autochtone”, en France, quand on désigne les habitants d’un lieu, c’est plutôt quelque chose de régressif.Une citation deFrancis Fourcou, réalisateur occitan

Néanmoins, le réalisateur considère qu’il y a eu un effort historique de la France afin de faire échouer l’épanouissement de la culture et de la langue occitanes au sein du pays. Il trouve donc intéressant l’éveil des Autochtones partout dans le monde, et plus particulièrement en Amérique.

Il espère aujourd’hui que son œuvre pourra dépasser le département afin de résonner en France, parce que, selon lui, ce genre de solidarité et de fraternité n’est sûrement pas isolé. Il a dû y en avoir d’autres, juge-t-il, citant en exemple l’Alsace-Lorraine et la Bretagne, régions historiquement indépendantistes.

Dans tous les cas, la France aura une nouvelle occasion de parler des enjeux autochtones, le film Un pont au-dessus de l’océan n’étant pas la seule œuvre où l’on pourra retrouver le peuple osage au cinéma cette année.Ouvrir en mode plein écran

Le très attendu Killers of the Flower Moon, de Martin Scorsese, auquel on fait allusion dans le documentaire, relate l’histoire du meurtre de nombreux Osages après la découverte de pétrole sur leurs terres.

Le film américain, présenté en première au Festival de Cannes, sortira en France une semaine avant la sortie du documentaire de Francis Fourcou, le 18 octobre.

Je pense qu’on va avoir des débats fort nombreux et fort intéressants, prédit M. Fourcou.

. Le film de Francis Fourcou sera présenté le vendredi 15 septembre à 18 h , à l’Ostal Occitan de Narbonne , à l’initiative de PAIS NÒSTRE .

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