Publié le 03/07/2018 à 18h43 • Mis à jour le 12/06/2020 à 14h40
Écrit par Krystel Veillard
Après les lycéens de Diwan, qui rédigent leur copie de maths en breton, ce sont cette fois les collégiens, de Diwan toujours, près de 80, qui ont décidé de passer l’épreuve de sciences en breton.
L’école est bien terminée, mais pour quelques dizaines de collégiens, le suspense ne fait que commencer. Ces jeunes frondeurs ont en effet passé l’épreuve de SVT, sciences de la vie et de la terre, en breton, alors qu’elle devait être rédigée en français. Ils seraient 60 à 80 collégiens à l’échelle de la Bretagne, dont une douzaine du collège Diwan de Quimper.
Une démarche concertée avec Diwan
Cette démarche des élèves est en réalité concertée avec le réseau Diwan, car n’ayant que peu de conséquences pour les candidats, sachant que cette épreuve de sciences, ne compte que pour 6% de la note et que le 0 n’est pas éliminatoire. Actuellement seul les épreuves d’histoire-géo et de maths sont en effet composées en langue régionale, mais pas les sciences. « Il faut savoir, explique ainsi Erwan Ar Berr, directeur du collège Diwan-Quimper, que ces élèves suivent tous leurs cours en breton. Ils ont su montrer l’année dernière qu’ils étaient capables de répondre en français. Ça n’est pas un problème de niveau, c’est un problème de principe. On a des élèves qui étudient en breton et on ne comprend pas pourquoi ils n’ont pas le droit de passer les épreuves en breton. »
Correction des copies en breton empêchée par le rectorat
Le rectorat a dépêché expressément dans un centre de correction de Brest, un inspecteur pour vérifier que ces copies de SVT n’étaient pas corrigées par des enseignants bretonnant, et que la partie rédigée en breton n’était pas évaluée. Joint au téléphone, le rectorat confirme d’abord, que « ces copies sont à corriger, mais que l’évaluation ne prend en compte que la partie rédigée en français. » Il rappelle ensuite « que le 0 n’est pas éliminatoire au brevet. »
Les résultats du bac et du brevet, vendredi, sont donc particulièrement attendus et seront examinés à la loupe.
Le reportage à Quimper (29) de Claire Louet et Gwenaëlle Bron
https://www.youtube.com/embed/TSWy4w435rEInterviews : Yuna, élève de 3e du collège Diwan-Quimper – Erwan Ar Berr, directeur du collège Diwan-Quimper – Olivier Méreaux, Président du Conseil d’Administration du collège Diwan-Quimper – Décembre 2017
Le communiqué de Diwan
Diwan demande :
- que les copies des lycéens et des collégiens soient évaluées selon les mêmes critères que tous les autres candidats qu’ils aient composé en français, en basque ou en breton,
- que le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer se souvienne de ses déclarations à l’Assemblée nationale le 29 mars 2018 : « Ce gouvernement et moi-même considérons les langues régionales avec bienveillance. On m’a fait le procès contraire après ma phrase « Une langue, une grammaire, une République », mais, si j’affirme avec fierté que la langue française, inscrite dans la Constitution, est ma première priorité, cela ne s’oppose pas à une politique très ouverte vis-à-vis des langues régionales, dont l’existence est, comme cela a été rappelé à juste titre, reconnue par la Constitution. On peut ainsi dire « la langue française et en même temps les langues régionales. Nous travaillerons donc avec les réseaux dans un esprit de bienveillance. J’entends certains demander une plus grande harmonie dans les pratiques des rectorats vis-à-vis des réseaux défendant les langues régionales, et je suis très ouvert à cette requête. »
- que le président de la République, applaudi à Quimper le 22 juin, lorsqu’il a déclaré son soutien à l’enseignement en langue régionale, maintienne son engagement à accompagner les réseaux d’enseignement.
Diwan en appelle à la responsabilité de chacun. Nous sommes le 3 juillet 2018. Quelle message la République française envoie-t-elle à ses jeunes quand elle leur interdit d’utiliser le breton ?
Pour aller plus loin :
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