Émanant du grec topos, « lieu », et onoma, « nom », la toponymie, étudie le sens des noms que nous prononçons tous les jours et qui émaillent cartes et cadastres.
Il s’agit d’une discipline à l’interface de trois domaines : la linguistique, l’histoire et la géographie.
L’étude toponymique d’un territoire nécessite des compétences spécifiques, notamment une solide formation dans l’exigeante discipline de la phonétique historique. Chercher l’origine d’un nom de lieu ne consiste pas à en donner seulement le sens mais implique de le resituer dans le contexte dans lequel il est apparu, ce qui permet, entre autres, la reconstitution de paléo-environnements.
Avec la restitution du sens apparaissent alors des éléments anecdotiques, ce que l’on peut appeler la « petite Histoire », mais également des éléments plus significatifs se rapportant à la grande Histoire. Un toponyme peut ainsi se révéler un excellent conducteur archéologique. Dans tous les cas, il est porté par la langue du territoire dans lequel il s’inscrit.
Les noms de lieux renvoient toujours à l’état de l’environnement à un moment donné et signalent généralement ce qui est utile ou, au contraire, ce qui est dangereux. Ce sont des flashs. Ainsi, dans un contexte très éloigné de notre monde moderne, va-t-on indiquer la présence de telle plante médicinale, de tel point d’eau potable ou signaler un précipice ou un endroit fréquenté par les loups. Quand il ne s’agit pas, bien sûr, d’associer tout simplement à un territoire humanisé le nom d’un promoteur dont le souvenir est depuis bien longtemps effacé de la mémoire collective.
L’exposé, qui met en exergue le continuum linguistique entre les variantes dialectales de l’aire occitane, se déroulera en trois parties : il commencera par une brève présentation de la discipline et de ses enjeux, se poursuivra par un résumé de l’histoire linguistique de la France avant de révéler, à la lumière de nombreux exemples pris dans les domaines gascon et languedocien, pourquoi la toponymie, entendue dans le cadre d’une étude pluridisciplinaire, participe largement à la connaissance intime d’un territoire.
Inscrite dans un contexte historique, géographique et linguistique duquel on ne peut l’extraire, elle ne peut, en effet, être considérée à sa juste valeur qu’en tenant compte de ce postulat.
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